Attaque à la prison de Condé-sur-Sarthe : Michaël Chiolo condamné à la perpétuité incompressible, la peine la plus lourde du Code pénal
- Temp H.
- 8 juil.
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Plus de cinq ans après l’agression au couteau contre deux surveillants pénitentiaires à Condé-sur-Sarthe (Orne), Michaël Chiolo, 33 ans, a été condamné ce lundi 7 juillet à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Cette peine, la plus sévère du Code pénal français, reflète à la fois la gravité de son acte et son absence totale de remords, selon les juges de la cour d’assises spéciale
de paris

Reconnu coupable de tentative d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste, Chiolo s’est montré provocateur et revendicatif tout au long des cinq semaines d’audience. Il a réaffirmé son allégeance au groupe État islamique et a déclaré avoir « longuement mûri » son projet d’attaque visant l’administration pénitentiaire. À l’énoncé du verdict, il a levé un doigt vers le ciel en murmurant des paroles à peine audibles, dans un geste lourd de symboles.
L’avocate générale du Parquet national antiterroriste (Pnat) a souligné « l’absence totale de facteurs atténuants » dans le profil du prévenu, évoquant une personnalité figée et un risque de récidive maximal. « Aucune autre peine que la peine maximale n’est envisageable », avait-elle plaidé.
Parmi les coaccusés, Abdelaziz Fahd, 39 ans, considéré comme l’instigateur de l’attaque, a été condamné à la réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans. Détenu multirécidiviste depuis près de vingt ans, il aurait, selon l’accusation, joué un rôle clé dans la préparation de l’attentat. Malgré ses dénégations, il n’a pas convaincu les magistrats, surtout après une tentative récente de faire livrer un couteau par drone en prison.
Yassine Merai, jugé par défaut car en fuite à l’étranger, a écopé de 12 ans de réclusion, assortis d’une période de sûreté des deux tiers. Quant à Nabil Ganned, présenté comme un proche idéologique de Chiolo, il a été condamné à 20 ans de prison pour complicité, bien que son rôle exact reste flou.
Seul véritable acquitté : Jérémy Bailly, vétéran du jihadisme condamné en 2017 pour une attaque à la grenade à Sarcelles. La cour a estimé qu’aucun élément concret ne permettait de prouver sa participation à la préparation de l’attentat de Condé-sur-Sarthe.
Michaël Chiolo devient le troisième homme lié à la mouvance jihadiste à recevoir une peine de réclusion incompressible en France, après Salah Abdeslam (attentats du 13 novembre 2015) et Brahim Aouissaoui (attaque à la basilique de Nice). Pour son avocat, Me Romain Ruiz, cette décision marque un tournant inquiétant : « C’est une peine abominable infligée à un homme qui n’a pas tué volontairement. On dégrade l’échelle des peines, on dégrade le droit. »
Rappelons que l’attaque, perpétrée le 5 mars 2019, avait été menée avec la complicité de sa compagne, Hanane Aboulhana, qui avait introduit clandestinement des couteaux en céramique. Le couple s’était ensuite retranché dans l’unité de vie familiale de la prison pendant près de dix heures, avant d’être neutralisé par les forces de l’ordre. Hanane Aboulhana a été tuée lors de l’assaut, Chiolo blessé.
Tous les accusés ont désormais dix jours pour faire appel du jugement.
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