Cap-Vert : une indépendance sans guerre, fruit d’un combat politique et culturel
- Voix Press
- 5 juil.
- 2 min de lecture
Le 5 juillet 1975, le Cap-Vert accède à l’indépendance après plus de 500 ans de domination portugaise. Une libération obtenue sans guerre sur son sol, grâce à une lutte anticoloniale portée par la pensée, la culture et l’engagement politique.

L’émancipation du pays est le fruit du travail mené par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), un mouvement binational né dans l’ex-Guinée portugaise. Bien que le conflit armé se soit déroulé uniquement en Guinée-Bissau voisine, l’archipel cap-verdien a profondément participé à la résistance, en particulier à travers sa diaspora, ses intellectuels et ses élites militantes.
À partir de 1415, les Portugais s’installent le long de la côte ouest-africaine, à la recherche d’or et d'épices. Vers 1460, ils prennent possession du Cap-Vert, un archipel jusque-là inhabité. La ville de Ribeira Grande (future Cidade Velha) devient le premier établissement européen permanent sous les tropiques.
Les îles deviennent rapidement une escale stratégique sur la route de la traite transatlantique. La culture de la canne à sucre, la déportation d’esclaves africains et l’émergence d’une société créole marquent l’histoire coloniale cap-verdienne. Le Cap-Vert devient à la fois carrefour commercial et laboratoire d’un peuplement métissé.
Les sécheresses à répétition, dès le XVIIIe siècle, provoquent des famines meurtrières, accélérant la déforestation et la désertification. Face à la misère, nombre de Cap-Verdiens fuient l’archipel : vers les États-Unis via les baleiniers de la côte Est, ou vers Sao Tomé-et-Principe, où ils servent de main-d'œuvre sous contrat, souvent dans des conditions proches de l'esclavage.
Sous le régime dictatorial de Salazar, puis de Caetano, le Portugal refuse toute autonomie à ses colonies, les rebaptisant « provinces d’outre-mer » pour masquer leur exploitation. La prison de Tarrafal, tristement célèbre, incarne la violence de cette domination : y furent enfermés opposants portugais et nationalistes africains.
Dès 1936, la revue Claridade lance un mouvement littéraire majeur qui valorise la culture créole cap-verdienne. Cette renaissance intellectuelle prépare le terrain à la contestation politique. En 1949, l’effondrement d’un entrepôt alimentaire à Praia fait plus de 230 morts, révélant l’ampleur du désintérêt colonial. Ce drame, conjugué aux famines récurrentes, accélère la mobilisation pour l’indépendance.
C’est Amílcar Cabral, ingénieur agronome et stratège visionnaire né de parents cap-verdiens en Guinée portugaise, qui incarne cette lutte. En 1956, il fonde le PAIGC. En 1963, la lutte armée débute en Guinée-Bissau.
Avec la chute du régime portugais en 1974, les colonies lusophones entament leur processus de décolonisation. Le Cap-Vert obtient pacifiquement son indépendance le 5 juillet 1975, sans avoir connu de guerre sur son territoire. Un cas rare dans l’histoire africaine, qui témoigne du pouvoir de la mobilisation politique et culturelle.
Comments