Boualem Sansal : une condamnation qui embarrasse Paris et Bruxelles
- Alexandra Malta
- 10 juil.
- 2 min de lecture
Condamné à cinq ans de prison en appel en Algérie pour atteinte à l’unité territoriale, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal cristallise aujourd’hui tensions diplomatiques entre l’Algérie, la France et l’Union européenne.
Le 1er juillet, la Cour d’appel algérienne a confirmé la peine de prison prononcée à l’encontre de Boualem Sansal, écrivain reconnu et citoyen européen. Cette affaire, qui mêle libertés fondamentales, enjeux diplomatiques et responsabilités institutionnelles, devient un casse-tête géopolitique majeur, aussi bien pour Paris que pour Bruxelles

.Strasbourg, le député européen François-Xavier Bellamy (LR) a publiquement dénoncé l’inaction de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. Lors d’un entretien en tête-à-tête, cette dernière lui aurait avoué ignorer jusqu’au nom de l’écrivain, demandant même, selon ses propos, comment l’orthographier. Bellamy pointe du doigt un manque de coordination entre la diplomatie française et le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE), qu’il accuse d’avoir laissé l’Union dans l’ombre sur ce dossier sensible.
Le comité de soutien à Boualem Sansal ne partage pas cette vision. Il affirme que Kaja Kallas et ses services ne pouvaient ignorer la situation, un courrier ayant été adressé au SEAE dès le 6 janvier. Deux réponses officielles avaient été transmises en février et mars, évoquant l’engagement de la diplomatie européenne en faveur d’un « dialogue ouvert et respectueux » avec Alger.
Pour les proches de Sansal, cette posture relève de l’inaction : malgré la citoyenneté européenne de l’écrivain – reconnue par le traité de Maastricht –, les droits associés à cette citoyenneté n’auraient pas été défendus comme il se doit. Le comité a donc saisi, le 8 mai, la médiatrice européenne Teresa Anjinho pour dénoncer ce qu’il qualifie de « manquement caractérisé » de la part du SEAE et de Mme Kallas.
Au cœur des revendications du comité : l’accord d’association signé en 2002 entre l’Union européenne et l’Algérie. Ce traité, qui encadre les échanges commerciaux et la coopération politique, comporte un article 2 fondamental stipulant que le respect des droits humains est une condition essentielle.
À l’instar des appels à suspendre l’accord entre l’UE et Israël face à la situation à Gaza, les soutiens de Sansal plaident pour une mesure similaire vis-à-vis d’Alger. Ils estiment que la condamnation de Boualem Sansal constitue une violation grave des principes démocratiques et des droits fondamentaux.
Ce levier pourrait avoir un poids considérable : l’Algérie a récemment exprimé sa volonté de moderniser l’accord d’association, signe de l’importance stratégique qu’il revêt pour le gouvernement algérien. En suspendre l’application pourrait alors représenter une pression diplomatique significative.
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