Angoulême célèbre la dystopie en bande dessinée : plongée dans trois œuvres cultes
- Abdoul Lamine Riche Ouattara
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture
Du présent aux futurs effondrés, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême consacre jusqu’au 16 novembre 2025 une grande exposition à la science-fiction dans le 9e art.
Intitulée Plus loin – La nouvelle science-fiction, cette exposition ambitieuse constitue la première initiative muséale de cette ampleur en France consacrée à la SF graphique. À cette occasion, ActuaLitté propose une immersion dans trois récits dystopiques majeurs, qui révèlent autant de manières d’interroger l’autorité, la liberté et la résistance.

Loin d’être un simple jeu intellectuel, la dystopie en bande dessinée traduit avec puissance les inquiétudes de notre époque. Elle puise dans l’actualité pour en extrapoler les dérives, jusqu’à plonger ses lecteurs dans des univers oppressants. Ces récits ne cherchent pas la complaisance mais la conscience, en confrontant chacun à des futurs possibles à éviter. Entre politique, technologie et société, la dystopie met en lumière nos contradictions, nos peurs, nos espoirs.
Dans une Grande-Bretagne reconstruite sur les ruines d’une guerre nucléaire, un régime fasciste règne en maître. La surveillance est totale, la liberté réduite à néant. Mais un homme masqué, mystérieux et cultivé, nommé V, surgit pour rallumer la flamme de la révolte. Derrière ses actes spectaculaires, se cache une réflexion politique profonde, entre anarchie et quête de justice.
Moore et Lloyd signent ici un chef-d’œuvre de noirceur et d’élégance, porté par un discours dense et un graphisme gothique. Une œuvre fondatrice qui interroge la légitimité de la violence contre l’oppression.
Dans un monde aseptisé où tout est régulé pour le « bien commun », les citoyens vivent sous le joug d’un système technocratique. Les récits courts qui composent cette série montrent des individus confrontés à des mécanismes de contrôle insidieux : administration automatisée, surveillance omniprésente, décisions judiciaires rendues par ordinateur.
Griffo illustre avec précision ce futur trop proche, tandis que Van Hamme dissèque les menaces que fait peser un État envahissant sur les libertés individuelles.
Un avertissement cinglant, à la frontière entre fiction et anticipation.
Au premier regard, tout semble parfait dans cet orphelinat bucolique. Les enfants y sont aimés, éduqués, nourris. Mais derrière les sourires se cache une vérité abominable : ils sont élevés pour être sacrifiés à des créatures inhumaines.
Ce manga bouleversant mêle l’innocence de l’enfance à la cruauté d’un monde inhumain. Le style visuel poétique de Demizu accentue encore le contraste avec l’horreur du propos.
Entre fuite, trahisons et solidarité, les enfants deviennent les figures ultimes de la résistance.
Chacune de ces œuvres explore un aspect particulier de l’autoritarisme :
V pour Vendetta met en scène la révolution comme acte libérateur,
S.O.S. Bonheur expose les dérives d’un système bureaucratique tout-puissant,
The Promised Neverland raconte la perte d’innocence face à une exploitation programmée.
À travers ces univers, le lecteur découvre trois formes de combat : la lutte idéologique, la révolte intime, la fuite comme libération. Trois manières d'interroger le pouvoir, la soumission, l’éveil.
Ces chefs-d’œuvre dystopiques ne sont qu’une infime partie de la riche programmation de l’exposition Plus loin – La nouvelle science-fiction. Un rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de bande dessinée, de critique sociale et d’utopies sombres.
Un voyage dans les possibles, à ne pas manquer.
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