L’ascension mondiale de la musique d’anime : quand les « Anisongs » deviennent la bande-son d’une générationm
- Nicolas Albert
- il y a 6 jours
- 3 min de lecture
Par une nuit vibrante à l’O2 Arena de Londres, près de 20 000 spectateurs illuminés par des bâtons fluorescents acclament la mystérieuse chanteuse Ado. Sur scène, sa voix résonne avec "Kura Kura", hymne audacieux issu de Spy x Family. Ce morceau, fusion de pop rétro, jazz fougueux et opéra rock survolté, incarne l’essence même des Anisongs : une forme musicale aussi éclectique qu’émotive, en parfaite symbiose avec l’animation japonaise.

Depuis ses origines au début du XXe siècle, l’anime japonais s’est imposé comme un art narratif foisonnant, explorant pirates, samouraïs, amours contrariés et combats cosmiques. Sa musique n’est pas en reste : énergique, hybride, souvent surprenante, elle amplifie chaque émotion, chaque scène. Dans une époque où le numérique domine, les thèmes puissants et les mélodies accrocheuses des séries telles que One Piece, Demon Slayer, Naruto ou L’Attaque des Titans jouent un rôle central dans leur rayonnement mondial.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon une étude de Crunchyroll et du National Research Group, 54 % de la génération Z à travers le monde se déclarent fans d’anime. Spotify, de son côté, observe une croissance de 395 % des écoutes de musique d’anime entre 2021 et 2024, avec plus de 7,2 millions de playlists créées par les utilisateurs.
« La musique d’anime est devenue une force culturelle mondiale », déclare Sulinna Ong de Spotify. Pour les jeunes, ces chansons dépassent l’écran : elles deviennent des portes d’entrée vers d'autres cultures et genres musicaux.
L’engouement ne s’arrête pas aux titres récents. Des génériques emblématiques comme We Are! de One Piece trouvent encore de nouveaux adeptes. Des artistes comme LiSA avec Gurenge (tirée de Demon Slayer) ont franchi les frontières du Japon, jusqu’à la scène des Jeux Olympiques. D’autres, comme Yoasobi avec Idol ou Ado avec New Genesis dans One Piece Film: Red, signent des succès planétaires.
Le boom de l’anime durant la pandémie a catalysé cette vague. Avec plus de temps à la maison et un accès facilité via de multiples plateformes, de nombreux jeunes ont découvert l’univers de l’anime – et en sont tombés amoureux.
La musique d’anime envahit désormais les salles de concert, des performances symphoniques de Joe Hisaishi (Studio Ghibli) aux shows pop de Yoasobi. Des collectifs inclusifs comme Anime & Chill à Londres participent à démocratiser cette culture, mêlant J-pop, K-pop et remixes viraux sur TikTok et YouTube.
« Ce n’est pas juste de la musique de fond », insiste Eneni Bambara-Abban, fondatrice d’Anime & Chill. « Ces chansons sont le cœur même de l’œuvre. »
L’influence des Anisongs gagne aussi l’Occident. Déjà en 2003, Daft Punk lançait Interstella 5555, film musical inspiré par leur album Discovery. Aujourd’hui, des artistes comme Billie Eilish, Lil Uzi Vert ou Megan Thee Stallion intègrent l’esthétique ou les références des anime dans leurs créations. Le rappeur britannique Shao Dow évoque même Luffy, héros de One Piece, comme une source d’inspiration majeure : « Même si ce n’est qu’un dessin animé, cette énergie m’a poussé à croire en mes rêve
L’univers musical des anime réunit désormais des générations entières. Il évolue, s’adapte, se réinvente constamment, tout en gardant cette capacité unique à capturer l’émotion, le rêve et la rébellion adolescente. Que vous soyez Gen Alpha, Z ou X, cette musique a une manière unique de s’ancrer dans le cœur… pour ne jamais en sortir.
Commentaires