Nouvelle Charte pour la paix au Mali : un projet controversé, entre exclusion et ambitions nationales
- Ibrahim O.
- 25 juil.
- 2 min de lecture
Au Mali, les autorités de transition ont récemment reçu le projet de la nouvelle Charte nationale pour la paix et la réconciliation. Présenté par la présidence comme un texte capable de « panser les blessures profondes laissées par des années de crises multiformes », ce document de 106 articles ambitionne d’établir les fondements d’un Mali pacifié, souverain et résolument tourné vers l’avenir. Pourtant, cette initiative suscite déjà de vives oppositions.

Si le président de transition, le général Assimi Goïta, a salué « le caractère participatif du processus », nombre d’acteurs clés de la scène politique malienne dénoncent une concertation tronquée. Les partis politiques, tous dissous en mai dernier, n'ont pas été impliqués, tout comme les groupes indépendantistes du Nord, considérés par le pouvoir comme des organisations terroristes, au même titre que les jihadistes.
Le Front de Libération de l’Azawad (FLA), écarté des discussions, rejette en bloc le projet, le qualifiant de « mascarade politique ». Selon lui, la Charte ne reflète ni un véritable processus de paix ni une reconnaissance des injustices subies. De son côté, l’opposition en exil fustige un texte théorique, déconnecté des réalités locales, et fragilisé par l’absence de dialogue inclusif.
Contrairement à l’Accord de paix de 2015 – négocié sous médiation internationale dirigée par l’Algérie – cette Charte se veut 100 % malienne. Le pouvoir de transition entend privilégier des mécanismes endogènes, sans intervention extérieure, pour résoudre les conflits internes. Cette orientation est perçue comme un rejet implicite de toute influence étrangère, mais aussi comme une affirmation de souveraineté dans un contexte géopolitique complexe.
Malgré les critiques, certaines voix, comme l’association Tamouzok – proche du pouvoir – saluent une avancée majeure dans le processus de réconciliation nationale. Elles appellent l’ensemble des acteurs armés à s’engager dans une dynamique de dialogue. Cependant, des observateurs notent que l’exclusion des forces politiques, des communautés marginalisées et des victimes d’exactions affaiblit la portée réelle de cette charte.
Si le texte complet n’a pas encore été rendu public, il est attendu prochainement après son adoption par le Conseil national de transition. Pour beaucoup, il demeure un symbole d’espoir teinté de scepticisme. Reste à voir si cette initiative, voulue souveraine et inclusive sur le papier, saura réellement fédérer une nation profondément fracturée.
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