Ion Iliescu, figure historique de la Roumanie post-communiste, s'éteint à 95 ans
- Alexandra Malta
- il y a 1 jour
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Dernière mise à jour : il y a 6 heures
Ion Iliescu, symbole controversé de la transition roumaine après la chute du régime communiste, est décédé ce mardi 5 août 2025, à l’âge de 95 ans. Éloigné de la scène politique depuis près de deux décennies, l'ancien président roumain laisse derrière lui un héritage contrasté, mêlant révolution, pouvoir et controverses judiciaires jamais tranchées.

Ingénieur de formation et militant communiste convaincu, Iliescu joue un rôle central dans la révolution de décembre 1989. Alors que le soulèvement contre Nicolae Ceauşescu prend de l’ampleur, Iliescu prend le contrôle de Bucarest, dans ce que certains historiens qualifient davantage de coup d’État que de véritable insurrection populaire. Il sera à l’origine du procès expéditif et de l’exécution de Ceauşescu, son ancien mentor devenu son ennemi politique. L’historien Traian Sandu le résume ainsi : « protégé devenu bourreau ».
Dès 1990, Iliescu structure sa domination politique en s'entourant d’anciens cadres du Parti communiste roumain (PCR) pour créer le Front du salut national (FSN), embryon du futur Parti social-démocrate (PSD). D’abord président par intérim, il est élu au suffrage universel en mai 1990, avant d’être reconduit en 1992 après l’adoption d’une nouvelle Constitution. Battu en 1996, il revient au pouvoir en 2000 pour un dernier mandat, au cours duquel la Roumanie rejoint l’OTAN (2004) et entame les dernières négociations pour son adhésion à l’Union européenne, finalisée en 2007.
Originaire d'Olteniţa, sur les rives du Danube, Iliescu reste longtemps dans l’ombre du pouvoir communiste. Dans les années 1970, il est écarté du premier cercle dirigeant par Ceauşescu pour divergences idéologiques, mais continue d’appartenir à la nomenklatura sans être inquiété. Nombre de ses pairs le voyaient d’ailleurs comme le successeur potentiel du dictateur.
Formé à l’Institut polytechnique de Bucarest, Iliescu poursuit ses études à Moscou à la fin des années 1940, grâce à une bourse. Des rumeurs ont longtemps évoqué un lien avec Mikhaïl Gorbatchev, alors étudiant également, mais les deux hommes ont toujours démenti toute rencontre.
Malgré plusieurs accusations graves — dont celle de crimes contre l'humanité — jamais Ion Iliescu ne fut traduit devant la justice. Sa mort clôt ainsi un chapitre complexe et encore largement débattu de l’histoire contemporaine de la Roumanie.
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