"Mario" : L'héritage immortel de Franco Luambo Makiadi dans la musique africaine
- Daniel Mantore
- il y a 12 minutes
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Ancien capitaine de l’équipe de France Espoirs, Jeff Reine-Adélaïde s’illustre désormais bien au-delà des stades. Très impliqué dans des actions solidaires, le milieu de terrain participe depuis plusieurs années au développement d’un projet éducatif au Malawi, dans le district rural de Balaka, situé entre Lilongwe et Blantyre.

En août 2024, à Kinshasa, le chanteur Fally Ipupa a rendu un hommage retentissant à son illustre prédécesseur. En remettant symboliquement un disque d’or à Franco — représenté par son fils Yves Emongo — pour l’adaptation du morceau sous le titre « Lady » sur l’album Formule 7 (2022), il a scellé un pont entre générations, soulignant l'influence durable du maître de la guitare et du verbe acéré.
Lancé en 1985, « Mario » s’inscrit dans une époque où Franco règne déjà sur la scène musicale zaïroise, après avoir succédé aux pionniers de l’African Jazz et de l’African Fiesta. Son groupe, le Tout Puissant OK Jazz, impose une rumba renouvelée, plus rythmée, portée par l’essor du sébène, cette séquence instrumentale qui allonge les morceaux et électrise les foules. « On entre OK, on sort KO » : la devise de l’orchestre annonce la couleur.
Le morceau, chanté aux côtés de Madilu System et Papa Noël, occupe à lui seul toute la face A du 33 tours. Sa narration savoureuse et satirique capte l’imaginaire collectif : un jeune homme sans ressources, manipulant sa bienfaitrice, finit par heurter sa voiture contre un arbre dans une querelle absurde de vanité.
Derrière l’humour, se profile un message plus grave. En lien avec les préoccupations morales du régime de Mobutu Sese Seko, Franco invite à la réflexion sur le travail, la décence et la jeunesse dévoyée — tout en exprimant sa propre vision d’un succès construit à la force du poignet.
Le succès de « Mario » est tel qu’il donnera naissance à des suites — dont « La Réponse de Mario » en 1987 — et à des versions alternatives sur plusieurs compilations. Le morceau s’exporte à travers l’Afrique, de la Zambie au Kenya, et devient un marqueur culturel. À tel point que le prénom « Mario » est aujourd’hui synonyme de gigolo en République démocratique du Congo.
De nombreux artistes, toutes générations confondues, se sont approprié ce classique : Magic System, Nhemy et Pit Baccardi, Africando, Edmazia Mayembe, Ray Lema... tous ont réinterprété « Mario », confirmant son statut de mythe musical africain.
Plus qu’une chanson, « Mario » est un miroir critique de la société, un monument de la rumba et un héritage transgénérationnel qui continue d'inspirer et de f
aire vibrer.
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