Colombie : Alvaro Uribe, premier ex-président condamné à une peine de prison
- Martinique Brou
- il y a 5 jours
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L’ancien président colombien Álvaro Uribe, figure majeure de la droite et chef de l’État de 2002 à 2010, a été condamné ce vendredi 1er août à douze ans d’assignation à résidence. Il est reconnu coupable de subornation de témoin et fraude procédurale, devenant ainsi le premier ancien chef d’État colombien à être privé de liberté.

Âgé de 73 ans, Uribe s’est également vu interdire d’exercer toute fonction publique pendant plus de huit ans, selon un document judiciaire confirmé par des sources proches du dossier. L’annonce officielle de sa peine est attendue à 19 heures TU, lors d’une audience tenue à Bogotá.
Le verdict fait suite à sa reconnaissance de culpabilité, le 1er août, pour avoir tenté de manipuler un témoin susceptible de l’impliquer dans des liens présumés avec des milices paramilitaires d’extrême droite. Ces groupes armés ont commis de nombreux crimes contre des civils durant le conflit armé ayant ravagé la Colombie pendant des décennies.
À quelques heures de l’audience, Uribe s’est exprimé sur la plateforme X, affirmant puiser du réconfort auprès de ses proches et « essentiellement dans la prière ».
L’équipe juridique de l’ex-président a annoncé son intention de faire appel, qualifiant la décision de politique et influencée par la gauche au pouvoir. Si l’appel est confirmé, l’affaire sera transmise à la Cour supérieure de Bogotá, qui aura jusqu’au 16 octobre pour confirmer ou annuler la condamnation. Au-delà de cette date, la procédure pourrait être abandonnée.
Ce procès n’est qu’une facette d’un ensemble plus vaste d’enquêtes visant Uribe, soupçonné d’entretenir des liens avec des escadrons paramilitaires impliqués dans des assassinats et des exactions contre des civils.
Ouvert en mai 2024, le procès — retransmis en direct — a vu défiler plus de 90 témoins. Il intervient à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle prévue en mai 2026, ce qui renforce sa portée politique et médiatique.
Malgré les poursuites, Álvaro Uribe reste un acteur influent au sein de la droite colombienne, notamment à travers son parti, le Centro Democrático. Il continue d’exercer une forte influence depuis les bancs de l’opposition, face au président Gustavo Petro, premier dirigeant de gauche élu en 2022.
Les avocats d’Uribe ont récemment déposé plainte contre Gustavo Petro pour « harcèlement et diffamation », l’accusant d’avoir tenu des propos injurieux à son encontre, notamment des accusations liées au trafic de drogue.
L’affaire trouve son origine en 2012, lorsque Uribe avait accusé le sénateur de gauche Iván Cepeda d’avoir orchestré un complot visant à l’impliquer dans des activités paramilitaires. Mais au lieu de poursuivre Cepeda, la Cour suprême s’est tournée vers Uribe, soupçonné d’avoir sollicité de faux témoignages d’anciens par
amilitaires emprisonnés.
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